Pourquoi nous sentons-nous paniqués quand les marchés sont volatils?
Comment rester calme lorsque les marchés sont volatils?

La COVID-19 a eu des répercussions sur chacun de nous, en plus de créer une incertitude sans précédent à l’échelle mondiale. Plusieurs entreprises ont suspendu leurs activités, on demande aux citoyens de maintenir une distance entre eux et les marchés mondiaux sont entrés dans une période de volatilité. Face à ce sentiment d’incertitude, plusieurs se demandent quelles mesures ils devraient prendre concernant leur portefeuille pour la suite des choses.
Pour de nombreux investisseurs, il peut s’agir du premier repli du marché auquel ils doivent faire face. Toutefois, bien que l’incertitude puisse sembler effrayante, nous pouvons tirer des leçons des situations précédentes de marchés volatils afin de nous aider à amener nos placements dans la bonne direction. Et pour ce faire, nous n’avons pas à regarder bien loin en arrière.
Une leçon tirée du passé
Dix années sont passées depuis la crise financière de 2008, mais Lisa Kramer, professeure de finance à la Rotman School of Management, gardera toujours ce souvenir : la foule d’investisseurs qui cherchaient à écouler leurs titres. Parmi ces gens affolés, on retrouvait beaucoup de futurs retraités dont les épargnes avaient été réduites de moitié. Plutôt que d’attendre que le marché se reprenne, ils ont vendu tant qu’ils le pouvaient.
« Ces investisseurs voulaient préserver ce qui leur restait, dit Mme Kramer; s’ils avaient simplement cessé de lire leurs relevés ou fermé leur ordinateur, ils auraient pu survivre au repli du marché et leur portefeuille aurait pris du mieux. »

La panique que les gens ont éprouvée, surtout en 2008, est compréhensible; ce qui l’est moins, c’est la nervosité qui se manifeste dès que les marchés reculent de quelques points de pourcentage. Les ventes faites sous l’effet de la panique vont à l’encontre de tout ce qu’on enseigne aux investisseurs. Les conseillers et les gestionnaires de fonds disent toujours que les placements sont une entreprise à long terme.
Mais pourquoi donc les gens paniquent-ils, alors? Selon Mme Kramer, le coupable, c’est notre cerveau. Les pertes ont plus d’effet sur nos sentiments que les gains, nous avons tendance à suivre la foule et il est très difficile de rester calme lorsque les mauvaises nouvelles se succèdent dans notre fil d’actualités.
Heureusement, il existe des stratégies qui nous permettent de garder notre calme pendant un déclin des marchés.
Pourquoi paniquons-nous?
Premièrement, il est essentiel de savoir pourquoi nous devenons aussi anxieux. C’est que nous avons des sentiments innés de crainte et de cupidité. Selon Mme Kramer, quand les marchés vont bien, les investisseurs se réjouissent à l’idée d’engranger des bénéfices et envient ceux qui l’ont déjà fait. Cela pourrait les inciter à faire des placements plus risqués et à tenter la chance plus qu’ils ne le feraient normalement.
Néanmoins, aussi envieux que nous nous montrons quand tout va bien, nous nous sentons encore plus paniqués lorsque les choses vont mal. Pourquoi? À cause de la théorie des perspectives, selon laquelle les gens ressentent plus de souffrance en perdant que de plaisir en gagnant.
Selon cette théorie, d’abord avancée par les psychologues Daniel Kahneman et Amos Tversky en 1979, les investisseurs n’accordent pas la même valeur aux pertes et aux gains et prennent leurs décisions financières en fonction de ces ensembles de valeurs différents. Dans leur étude phare, ils affirmaient que l’exaspération provoquée par la perte d’une certaine somme semble être plus grande que le plaisir éprouvé après avoir gagné un montant égal.
D’autres chercheurs en sont venus aux mêmes conclusions. Les auteurs d’une étude publiée en 2014 dans le périodique Decision ont découvert que les pertes entraînaient des sentiments plus extrêmes que les gains équivalents.
« Si notre portefeuille baisse grandement en valeur, nous nous sentons vraiment très mal, ajoute Mme Kramer, et ce qui se passe par la suite ne va pas dans le sens de notre intérêt financier », puisque, selon elle, les investisseurs ont tendance à liquider les placements dont la valeur a décliné.
Mais alors, que peut-on faire pour atténuer toute cette inquiétude? Voici quelques suggestions.
Évaluez le risque
La première chose à faire consiste à examiner son plan. Passez-le en revue pour vous assurer que votre tolérance au risque est respectée. Un conseiller peut vous aider à le faire; cependant, si vous êtes un investisseur autonome, vous devez sans cesse vous demander si vous êtes capable de supporter des pertes importantes et si votre portefeuille est bien équilibré. Si vous tremblez quand les marchés vont mal, c’est peut-être un signe que la répartition de votre actif doit être modifiée, affirme Mme Kramer. Surtout, ne prenez aucune décision sous l’effet de vos émotions.
Pour mieux cerner la répartition idéale, ajoute-t-elle, étudiez une série de scénarios de marché, par vous-même ou en compagnie d’un conseiller, afin de comprendre comment vos placements vont se comporter. Vous verrez ainsi ce qui arrivera si une correction de 10 % se produit, si les marchés chutent de 20 %, voire si un krach boursier éclate.
Il ne suffit pas, d’ailleurs, de discuter de pertes éventuelles sans base concrète. La conversation sera plus utile si on les exprime en dollars réels. Les chercheurs ont observé que les gens réagissent plus fortement lorsqu’on leur dit qu’ils pourraient perdre 20 000 $ sur un portefeuille de 200 000 $ que lorsqu’on leur apprend qu’ils risquent de perdre 10 % de leurs placements. « Il faut, dit-elle, exprimer le risque dans un langage qu’ils comprennent. »
Protégez-vous
Les ordres de vente stop sont aussi de bons outils pour se prémunir contre les pertes. L’investisseur qui les utilise fixe le cours auquel une action doit être vendue. Si l’action atteint ce seuil, le courtier vendra automatiquement la totalité ou une partie de la position de l’investisseur. Avec une protection comme celle-là, votre sommeil sera sans doute plus réparateur. Par contre, Ben Felix, gestionnaire de fonds professionnel et blogueur défendant le bon sens en investissement, affirme qu’ainsi « on ne règle qu’un des deux aspects du problème; l’autre, plus difficile, consiste à choisir le bon moment pour réintégrer le marché ».
Vérifiez les rendements moins souvent
Il est aussi souhaitable de limiter le temps passé à lire les relevés de placement et à vérifier en ligne les rendements. « Parfois, dit Mme Kramer, les chiffres sont élevés; parfois encore, c’est le contraire. » Elle recommande d’étudier les rendements à l’occasion seulement, sans oublier de le faire une fois l’an. Si certaines de vos questions ne trouvent pas de réponse, envisagez de prendre rendez-vous avec un conseiller financier, qui vous aidera à déterminer si vous êtes sur la bonne voie.
Ne croyez pas tout ce que vous lisez
C’est une bonne idée de se tenir au courant de l’évolution des marchés financiers en écoutant les nouvelles à la télé et en s’intéressant à de bonnes sources d’information dans les médias sociaux; par contre, une surveillance exagérée peut faire naître chez vous le sentiment de manquer de bonnes occasions et vous entraîner à prendre des décisions de placement irréfléchies, pour l’achat comme pour la vente. En parlant de ces gourous du placement, Mme Kramer affirme qu’ils ont probablement eu à relever les mêmes défis que les investisseurs ordinaires.
Somme toute, vous devez acquérir de la résilience quand il s’agit de votre portefeuille. Selon Mme Kramer, vous devriez vous poser la question suivante : « Suis-je le genre de personne qui est capable de ne pas trop s’en faire quand les choses vont mal? » La réponse devrait être « Oui ».
Le marché connaît des hauts et des bas; des périodes de gains et des périodes de pertes. Nous sommes présentement au cœur d’un marché en baisse, qui peut constituer un épisode déroutant pour les investisseurs. Cependant, comme l’a montré l’histoire, un réexamen de votre tolérance au risque et le respect de votre stratégie de placement représentent les meilleures approches à adopter durant les périodes de volatilité des marchés.
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Les citations utilisées dans cet article ont été tirées d’entretiens téléphoniques.
L’information contenue dans le présent document ne constitue pas une source de conseils fiscaux, juridiques ou de placement et ne doit pas être considérée comme telle. Les placements doivent être évalués en fonction des objectifs de chaque investisseur. Il est préférable, en toute circonstance, d’obtenir l’avis de professionnels.