Répercussions des facteurs ESG sur le secteur de l’automobile
Découvrez comment les initiatives ESG favorisent l’innovation dans le secteur de l’automobile, ce qui contribue à une croissance durable et apporte un avantage concurrentiel.
Les voitures sont l’une des principales sources d’émissions de gaz à effet de serre. Avec l’augmentation des innovations technologiques et de l’offre de produits, les constructeurs automobiles accordent aujourd’hui plus que jamais la priorité aux préoccupations liées aux facteurs environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) pour atténuer cette incidence.
Leurs efforts sont particulièrement importants compte tenu du rôle des véhicules personnels dans notre vie quotidienne, explique Gustavo Bernal Torres, vice-président de l’intégration des facteurs ESG à BMO Gestion mondiale d’actifs. « Le secteur de l’automobile a défini un mode de vie dans le monde moderne, explique-t-il. À l’heure actuelle, nos villes sont construites autour des voitures. »
Les véhicules électriques en chiffres
Les initiatives en matière de développement durable doivent s’adapter à cette réalité en privilégiant les véhicules hybrides ou électriques. Selon l’Agence internationale de l’énergie, le nombre de voitures électriques dans le monde a dépassé les 26 millions en 2022, soit une augmentation de 60 % par rapport à 2021 et plus de cinq fois le chiffre de 2018.
À la fin de 2022, près de trois voitures sur vingt vendues dans le monde étaient électriques.
M. Bernal Torres indique que plusieurs marchés, dont la Chine, l’Europe de l’Ouest, l’Australie et certaines régions d’Asie du Sud-Est, ont franchi des étapes importantes en matière d’adoption des véhicules électriques. En comparaison, la transition en Amérique du Nord a été plus lente. Selon Statistique Canada, près de 97 % de tous les véhicules légers immatriculés en 2022 fonctionnaient à l’essence ou au diesel, les véhicules électriques hybrides représentant 2 % (494 000) et les véhicules électriques à batterie seulement 1 % (plus de 225 000). Malgré tout, les chiffres canadiens sont en hausse et il y a lieu de croire qu’ils continueront de progresser. Une analyse de Bloomberg Green a révélé que les ventes de voitures électriques neuves au Canada pourraient avoir récemment dépassé le seuil critique de 5 %, ce qui signifie que l’adoption massive n’est pas loin. Même si le Canada et les États-Unis sont encore à la traîne, ils enregistrent tout de même une croissance, comme l’a souligné M. Bernal Torres.
Et voilà les mises en garde
Certains affirment que les véhicules électriques ne sont pas la panacée pour les constructeurs automobiles axés sur les facteurs ESG en invoquant la fabrication des batteries à forte intensité en carbone, mais M. Bernal Torres soutient qu’ils sont plus durables à long terme. Si l’on considère que la durée de vie moyenne d’une voiture est de 10 à 12 ans, les émissions d’échappement continues d’un moteur à combustion interne sont nettement supérieures à celles des véhicules électriques au fil du temps.
« Au bout du compte, le véhicule électrique n’est pas parfait, mais il est meilleur que toute autre solution à long terme, explique-t-il. Cela suppose que le véhicule électrique est rechargé sur un réseau alimenté par des sources moins polluantes que l’essence. Si l’électricité provient d’une centrale au charbon, la comptabilisation du carbone n’a aucun sens. » Heureusement, en Ontario, la bonne nouvelle est que la province utilise surtout des sources d’énergie plus propres, comme l’énergie nucléaire, hydroélectrique et éolienne, ce qui garantit que les véhicules électriques sont beaucoup plus propres à long terme.
Production de batteries
Conformément à cet engagement en faveur d’une économie propre, nous assistons à une augmentation du nombre d’usines de fabrication de batteries de véhicule électrique. Lors d’un récent événement inaugural, le premier ministre Justin Trudeau et le premier ministre du Québec François Legault ont annoncé la construction d’une usine de fabrication de 170 hectares à Montréal, d’une capacité de fabrication d’éléments de batterie pouvant atteindre 60 gigawattheures par année, soit une capacité suffisante pour produire environ un million de véhicules électriques chaque année.
Cette initiative, dont la première phase devrait être achevée d’ici la fin de 2026, n’est que l’un des nombreux projets financés par le gouvernement pour stimuler l’industrie des véhicules électriques au Canada. Les gouvernements fédéral et de l’Ontario se sont également engagés à investir près d’un milliard de dollars dans une usine de composants de batteries de véhicules électriques dans l’est de l’Ontario.
Un investissement de plus de 640 millions de dollars a également été annoncé plus tôt cette année pour construire une nouvelle usine de véhicules électriques Ford à Bécancour, au Québec. Par ailleurs, des milliards de dollars ont été engagés pour maintenir l’usine de batteries de véhicules électriques Stellantis-LG à Windsor et pour subventionner l’usine de batteries Volkswagen à St. Thomas.
Les constructeurs automobiles explorent également diverses autres stratégies ESG. Toyota, par exemple, investissait depuis des années dans des véhicules à hydrogène, tout en étant le pionnier du véhicule hybride Prius. Récemment, la société a annoncé qu’elle équiperait ses véhicules entièrement électriques de batteries solides – dont la composition chimique est différente de celle des batteries au lithium-ion traditionnelles et qui pourraient aussi s’avérer plus écologiques – dans le cadre d’un partenariat avec Idemitsu Kosan pour la production des batteries solides pour leurs véhicules électriques à compter de 2028.
Mais il ne faut pas s’attendre à ce que le constructeur automobile abandonne de sitôt l’idée de se concentrer sur les voitures hybrides, selon M. Bernal Torres. « Ils ont été très prudents en élaborant leur feuille de route sur les véhicules entièrement électriques; c’est leur stratégie depuis le début. »
Les préoccupations liées aux facteurs ESG ne sont qu’un aspect de la question. Ces projets d’usine de batteries pour véhicules électriques devraient stimuler la création d’emplois ainsi que la croissance et la résilience économiques, en plus de marquer des victoires importantes dans plusieurs secteurs.
Politique sur les changements climatiques
S’ils avaient besoin d’une inspiration supplémentaire pour redoubler leurs efforts en matière de facteurs ESG, Toyota et d’autres constructeurs automobiles pourraient se tourner vers l’Inflation Reduction Act (IRA) aux États-Unis. Promulguée à l’été 2022, cette loi sur la réduction de l’inflation a affecté 400 milliards de dollars américains de fonds fédéraux à la réduction des émissions de carbone, entre autres engagements. Sous forme d’incitatifs fiscaux, de subventions et de garanties de prêt, ces fonds soutiennent des initiatives comme l’électricité propre et le transport propre, y compris les véhicules électriques. « Il s’agit de mettre en place la structure incitative qui fera progresser l’industrie automobile », selon M. Bernal Torres.
La politique américaine a également eu une incidence sur le secteur canadien de l’automobile, en attirant des investissements au Canada dans des sociétés qui visent à tirer parti de l’Accord Canada–États-Unis–Mexique (ACEUM) plus large, auparavant connu sous le nom d’ALENA, et en obligeant certaines entreprises à déménager au sud de la frontière.
Conscient que l’IRA donnait un avantage aux fabricants américains par rapport à leurs homologues canadiens, le gouvernement canadien a tenté de créer ses propres incitatifs. Malgré ces efforts, le Canada continue de tirer de l’arrière en ce qui concerne les changements législatifs et politiques axés sur les facteurs ESG. « Les pays sont maintenant en concurrence sur le plan des politiques climatique et industrielle pour stimuler les investissements. Le Canada a eu du mal à rivaliser avec les incitatifs des États-Unis », explique M. Bernal Torres.
Allons de l’avant
Les discussions sur l’industrie automobile doivent inclure la récente grève des Travailleurs unis de l’automobile contre les trois grands constructeurs automobiles de Detroit. À l’issue de la grève, les travailleurs ont obtenu de nouveaux contrats leur accordant une augmentation d’au moins 25 %, tout en augmentant leurs cotisations à un régime de retraite et en leur accordant d’autres avantages sociaux.
Nous ne connaissons pas encore l’incidence de ces victoires sur la main-d’œuvre et les constructeurs automobiles à long terme. Mais, selon M. Bernal Torres, chaque fois qu’une grève prend fin, « les entreprises reprennent leurs activités et leur production, ce qui est une bonne chose ».
En ce qui concerne le développement durable, le secteur de l’automobile semble déterminé à poursuivre sur sa lancée des dernières années. Selon Ernst & Young Global Limited, entre 2006 et 2021, les émissions provenant de la construction automobile dans l’UE ont chuté de plus de 45 %, tandis que la quantité de CO2émise par les voitures neuves a été réduite d’environ 22 %.
Le parcours est loin d’être terminé, mais M. Bernal Torres demeure optimiste. « Le fait est que les consommateurs choisiront avec leur portefeuille et que, jusqu’à présent, les véhicules électriques sont de plus en plus l’option la plus novatrice et la plus rentable. »
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