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Les chefs de la direction canadiens sont très optimistes

par Sherry Cooper, économiste en chef, BMO Groupe financier

12 juillet 2011

Dans un monde tourmenté par des crises d'endettement nationales, des reprises sur fond de chômage et un climat politique très précaire, le Canada se dresse tel un rempart de stabilité et de confiance. Certes, le Canada étant une petite économie ouverte, il subit inévitablement les contrecoups du désordre mondial, mais, malgré tout, les plus récentes données publiques indiquent que nos entreprises continuent d'embaucher, d'investir dans la technologie et de se préparer à poursuivre leur croissance.

Si, du côté américain, le bilan de l'emploi est resté affligeant en juin, tant au privé qu'au public, la croissance des emplois a continué de faire des bonds impressionnants de ce côté-ci de la frontière. Le contraste est particulièrement frappant dans le secteur de l'habitation où, à l'opposé des États-Unis, l'effervescence ne se dément pas au Canada, comme en font foi la hausse importante des mises en chantier, la vigueur des ventes et la hausse continue des prix.

Selon l'Enquête sur les perspectives des entreprises, menée récemment par les bureaux régionaux de la Banque du Canada, l'optimisme grandissant ne cesse d'étonner. Les entreprises ont augmenté leurs ventes dans la dernière année et elles prévoient une accélération du rythme de croissance. L'optimisme est particulièrement débordant dans l'ouest, où la demande pour les produits de base et connexes est forte; dans les autres régions, la croissance devrait se maintenir, mais de façon plus stable. La plupart s'attendent à ce que le contexte d'une activité économique au ralenti aux États-Unis demeure, un dollar canadien fort et des pressions concurrentielles importantes. Des entreprises ont obtenu de bons résultats en diversifiant leurs activités et en repositionnant leurs stratégies.

Dans la plupart des régions et des secteurs, les entreprises prévoient un accroissement de l'embauche et des investissements. L'augmentation prévue des dépenses en machinerie et en équipement est de bon augure dans un contexte où les entreprises canadiennes souhaitent augmenter leur production et améliorer leur productivité. Du côté de l'emploi, un nombre record d'entreprises prévoient augmenter leur taux d'embauche dans la prochaine année, particulièrement dans le secteur des services, bien que la création d'emplois fasse partie des visées dans tous les secteurs et toutes les régions du pays.

De plus en plus d'entreprises ont l'impression d'atteindre leurs limites quant à leur capacité de production et craignent d'être incapables de répondre à des hausses inattendues de la demande, notamment dans le Centre et l'Est du Canada. Il faut dire que les entreprises de l'Ouest canadien ressentent cette pression depuis un bon moment déjà. Plus d'entreprises déclarent avoir de la difficulté à recruter de la main-d'œuvre qualifiée, mais le problème semble moins aigu que durant la période de forte croissance qui s'est échelonnée de 2001 au début de 2008, où la pénurie touchait une plus forte proportion d'entreprises. À l'évidence, la Banque du Canada tiendra compte de cette réalité dans son évaluation de l'écart de production et il ne serait pas étonnant qu'elle revoie à la baisse les estimations publiées voilà à peine quelques mois.

Bonne nouvelle, la pression inflationniste demeure plutôt faible, malgré la flambée des prix de l'énergie et des aliments en début d'année. Les entreprises s'attendent à que le prix des intrants continue de monter, mais peu prévoient augmenter le prix des extrants. Dans un contexte où la concurrence est très forte, il est en effet difficile de faire absorber la hausse des coûts à leurs clients.

Par ailleurs, dans la plupart des régions et des secteurs, les entreprises déclarent un assouplissement des conditions de crédit au cours des trois derniers mois, ce que confirme l'Enquête auprès des responsables du crédit réalisée par la Banque du Canada. De façon presque unanime, les répondants s'entendent pour dire que les modalités tant tarifaires que non tarifaires des prêts ont été allégées pour les grandes sociétés et les sociétés commerciales et, au cours des trois derniers trimestres, pour les petites entreprises également. De l'avis des répondants, l'intensification de la concurrence que se livrent les prêteurs entre eux, l'amélioration des perspectives économiques et le redressement de la situation dans certains secteurs de l'industrie sont les facteurs déterminants de cet assouplissement. On estime que la demande de crédit a augmenté, particulièrement du côté des petites entreprises.

En bref : Les entreprises canadiennes restent relativement confiantes malgré la vigueur du dollar canadien et la lenteur de la reprise aux États-Unis, sans oublier la crise européenne de l'endettement et le durcissement de la politique budgétaire au Canada. Des fondations solides permettront au Canada de poursuivre sa remontée au second semestre. La relative faiblesse des taux de chômage et la richesse enviable des ménages insufflent de la confiance aux consommateurs. Nous prévoyons que la croissance se maintiendra au cours de la prochaine année (au moins), à un niveau tendanciel se situant autour de 2,5 à 3 pour cent; les taux de chômage devraient quant à eux être à la baisse et l'inflation ne devrait pas dépasser la bande cible fixée par la Banque du Canada.